Nombre total de pages vues

vendredi 11 janvier 2008

771 - Vue perçante sur mon psychiatre

Stupéfaction mais également heureuse nouvelle !

Ce matin mon psychiatre m'a annoncé, à la onzième consultation, que je présentais des "troubles importants du comportement" induits par un "culte de la personnalité", troubles m'interdisant de subvenir par mes propres moyens à mes besoins matériels et qu'en vertu de ce fait il était légitime que je fasse une demande de prise en charge médicale à cent pour cent pour maladie de longue durée.

Ce qui signifie que je viens de franchir avec succès la première étape importante dans mon édification personnelle et, indirectement, dans celle de mes frères humains enchaînés à leurs misères sociales et spirituelles. Ils pourront peut-être bénéficier d'une plus grande liberté d'action de ma part grâce à la reconnaissance officielle de mon statut de "sauveur de foules abruties", ou plus modestement de "bel esprit oeuvrant à son niveau pour le salut de la masse". Certes ce que je viens de qualifier en termes glorieux, les psychiatres nomment cela plus sobrement et plus imbécilement "maladie".

Peu importent les mots.

La prochaine étape consistera -théoriquement- à percevoir une pension pour "invalidité", donc de mon point de vue à recevoir un salaire pour asséner à longueur de temps la vérité salvatrice à mes semblables. En d'autres termes je serai payé pour éclairer le monde de mes lumières izarriennes. Payé par ceux-là mêmes qui cotisent afin que moi, sujet marginal demeuré sain et qu'ils estiment néanmoins "malade", je bénéficie de la sécurité matérielle me permettant d'agir de manière bénéfique, sans souci du lendemain, sur leur esprit infirme.

Noble mission !

Autrement dit les handicapés de la pensée qui travaillent dans cette société -"handicapés" à cause précisément de leur investissement exagéré dans leur vie professionnelle (que je pourrais aussi appeler "assujettissement au siècle") qui nécessairement borne leur vue à des considérations strictement matérielles, les rend aveugles aux hauteurs que je m'efforce de leur désigner- cotiseront pour que je puisse percevoir un salaire de "malade", salaire me conférant une liberté individuelle et sociale accrue et surtout une légitimité supplémentaire pour les aider à se réveiller, à s'élever, voire pour les rudoyer s'il le faut en cas d'insensibilité, de surdité et de cécité importantes.

Ce que dans mon cas mon psychiatre nommerait "aide financière au malade que je suis", moi j'appelle cela "salaire de bel esprit destiné à éduquer mes frères cotisants qui pataugent dans l'abrutissement ambiant".

Finalement le monde n'est pas si mal fait que cela.

P.S.

J'inclus partiellement mon psychiatre dans la catégorie des "pataugeurs".


+++++++

J'ajoute trois réponses que j'ai faites à certaines personnes ayant réagi à l'article ci-dessus :

1 - Certains auraient honte d'avouer une telle tare. Moi je suis FIER d'apprendre aux gens normaux que j'ai des chances de toucher un "salaire" pour ma "démence" et le trompette d'ailleurs sans retenue. Pour moi ce serait le signe d'une réelle réussite : le triomphe de l'esprit individuel sur la bêtise du siècle.

2 - Ceux qui ne saisissent ni la portée ni l'éclat de mes mots me taxent de déséquilibré. Les beaux esprits qui savent discerner mes trésors izarriens me considèrent comme leur égal, voire leur supérieur. Ce qui est le cas pour certains d’entre vous. En reconnaissant que je les dépasse d'une tête, ces admirateurs de ma personne nous prouvent leur très haute intelligence.

Bref, seuls les beaux esprits se délectent de mon verbe. Les autres, ceux qui méprisent mon égocentrisme qu'ils assimilent à une stérile autosatisfaction, mes positions justes qu'ils qualifient sottement d'extrémistes, ma hauteur de vue qu'ils pensent chimérique, irréaliste, oiseuse, ceux-là ne voient en moi qu'un être inutile qui ne travaille pas, ne produit rien de palpable, ne rapporte aucun salaire. Leur vue reptilienne se borne à ce genre de considération "alimentaire". Et c'est très humain, je les comprends au même titre que je comprends les grognements des porcs pataugeant dans leurs excréments.

Mon psychiatre pour en revenir à lui, je le laisse faire son travail de psychiatre.

De deux choses l'une :

- Ou la psychiatrie est un art suprême consistant à débusquer les travers et tares humains, et selon cette psychiatrie je suis réellement malade.

- Ou cette discipline médicale comporte une part d'approximation, d'imposture, voire de franche hérésie, et ma « maladie » avec ses aspects si brillants est enviable.

Dans les deux cas je suis là pour éprouver la sagacité de mon psychiatre. L'enjeu n'est pas inconsidéré puisqu'il s'agira de m'attribuer ou de me refuser une pension d'invalidité, financée par le grand club des travailleurs qui selon moi sont les plus malades dans cette affaire (mais ce n'est là que mon point de vue "de l'autre côté de la barrière"...)

A noter qu'il y a deux siècles, avec ma particule et ma pensée, le roy m'aurait gratifié d'une pension à vie en plus de quelques autres privilèges pour "éclat d'esprit" et "hauteur de vue au service de ses frères humains". De nos jours les beaux esprits de mon espèce sont considérés comme des déséquilibrés. Cela dit il y a tout de même une justice en ce qui concerne les oiseaux d'envergure dont je suis la plus belle incarnation puisque la pension qui m'aurait été attribuée il y a deux siècles par le bon roy change simplement de nom dans notre société : aujourd'hui elle est appelée "AAH" (Allocation Adulte Handicapé).


3 - Je ne joue nullement le malade. Je n'aime pas la tricherie en ce domaine. Je suis RELLEMENT malade, du moins selon les critères actuels de la société.

Vous semblez ne pas avoir compris mon texte. Mon psychiatre a vraiment diagnostiqué des "troubles importants du comportement" chez moi. Je lui ai répondu que ce qu'il nommait "troubles importants du comportement", j'appelais cela "hauteur de vue". Il a acquiescé, ajoutant que j'étais libre de nommer cela comme je voulais. Il a également prétendu que cela semblait d'ailleurs constituer mon équilibre et qu'en vertu de ce fait il n'y avait pas lieu de me rapprocher de la norme, mon état ne présentant aucune inquiétude. Il me permettait juste de faire une demande de prise en charge médicale à cent pour cent. C'est un droit, non un privilège, aussi vais-je faire exercer ce droit, pour le bien de tous.

Si une pension d'invalidité m'échoit, en la dépensant chez mon boulanger, chez le pompiste ou chez mon professeur d'équitation, par mes efforts consuméristes je participerai à leur personnel essor. En faisant tourner la roue économique j'aurai mon utilité parmi les hommes, tout en me faisant plaisir.

Ce qui est très moral.

15 commentaires:

  1. Prise en charge à 100% ?

    Heureusement que vous vivez dans un pays où il ne faut, en principe, pas travailler plus de 35heures par semaine.

    Ce nouveau rythme de vie vous donnera de la disponibilité pour voir l'étonnant documentaire de Pierre Carles "Attention travail danger".

    J'en profite pour vour remercier pour vos notes qui me mettent chaque fois de bonne humeur, et ce n'est pas peu dire, il y a de moins en moins de chose qui me font rire.

    RépondreSupprimer
  2. Vous êtes dépressif très cher Izarra??

    RépondreSupprimer
  3. Naturellementvotre,

    Non pas du tout, je vais très bien. Ce sont les autres qui sont dépressifs : je consulte un psychiatre parce qu'ils ne me supportent plus. Il paraît que je suis "narcissico-invivable"...

    Moi je me porte à merveille. Très heureux de vivre.

    Raphaël Zacharie de Izarra

    RépondreSupprimer
  4. Cher Izarra, quand vous dites "les autres" et "ils" comme vous vivez seulement avec votre compagne, je suppose que c'est à elle que vous faites allusion? Il est vrai qu'on ne la voit pas sourire souvent... je prends ça pour de la timidité à vraie dire. L'homme a de toute façon des tendances à l'égoisme, narcissique, faut juste créer une juste mesure.

    RépondreSupprimer
  5. Bonne chance pour cette nouvelle carrière !

    Ce serait bien si ça créait des vocations ;-)

    RépondreSupprimer
  6. Naturellementvotre;

    "Ils", c'est mon proche entourage.

    Voisins, amantes, boulangers, vicaires et famille.

    Raphaël Zacharie de Izarra

    RépondreSupprimer
  7. Raphael j'ai du mal à le croire!

    RépondreSupprimer
  8. Je me sens proche de vous et je recherche même votre présence alors il m'est un peu étonnant de lire de telles aberrations

    RépondreSupprimer
  9. Naturellementvotre,

    Certes j'ai peut-être exagéré un peu, embelli l'affaire... Soyez certaine quoi qu'il en soit que je suis un astre comme nul autre pareil : mon éclat n'a pas d'égal.

    En ce sens oui, je suis seul, isolé, réduit à un unique exemplaire.

    Raphaël Zacharie de Izarra

    RépondreSupprimer
  10. (la pension qui m'aurait été attribuée il y a deux siècles par le bon roy change simplement de nom dans notre société : aujourd'hui elle est appelée "AAH" (Allocation Adulte Handicapé).

    hihi A vrai dire, je ne sais pas lequel est mieux, obtenir une pécule au titre d’aliéné provenant des cotisations de tout le monde, ce qui revient finalement à dire de la poche de l’anonyme moyen, ou solliciter une pension en qualité d’esprit-pedigree à un roi qui la versait parfois de façon irrégulière et selon son bon vouloir comme on donne des croquettes à un toutou. Je pense tout particulièrement à ce que vécurent beaucoup de refusés de pension comme La Fontaine. affaire de goût. ^^

    RépondreSupprimer
  11. Cher Raphaël,

    Vos commentaires :

    "Non pas du tout, je vais très bien. Ce sont les autres qui sont dépressifs : je consulte un psychiatre parce qu'ils ne me supportent plus. Il paraît que je suis "narcissico-invivable"...

    Moi je me porte à merveille. Très heureux de vivre.

    Raphaël Zacharie de Izarra"

    "Certes j'ai peut-être exagéré un peu, embelli l'affaire... Soyez certaine quoi qu'il en soit que je suis un astre comme nul autre pareil : mon éclat n'a pas d'égal.

    En ce sens oui, je suis seul, isolé, réduit à un unique exemplaire.

    Raphaël Zacharie de Izarra"

    Le texte : très bien !
    Les commentaires : très bien !

    TRÉS BIEN !

    Amicalement

    RépondreSupprimer
  12. Il n'est pas évident de trouver vos textes récents mais précédant celui-ci. Il faut passer par "messages plus anciens" pour lire ceux de 2008.

    RépondreSupprimer
  13. Raphaël,

    Je trouve ceci affligeant. Il ne s'agit pas considérations sociétales, mais simplement d'une réalité humaine et malheureusement incontournable :on finit toujours par se faire rattraper par ce qui a été nommé, verbalisé ; que ce soit vrai ou non. L'entité qui a été nommée possède sa propre vie, indépendante. Et la personnalité finit par fusionner avec elle pour créer l'ID-entité ou entité à l'identique. Alors, l'ID-entité devient ce qu'on en a fait : réalité douloureuse.

    Marianne

    RépondreSupprimer
  14. Marianne,

    S'agit-il de Marianne D ?

    Et que voulez-vous dire ? De quelle réalité parlez-vous ? De ma "pathologie" ?

    Raphaël Zacharie de Izarra

    RépondreSupprimer
  15. ...
    t'es un grand malade toi,
    et en quoi est ce que tu est si "exemplaire" pour te comparer a un astre?
    mais , mefie toi, si un jour tu te rends compte de se que tu est vraiment, la chute risque d'etre dure

    par contre si tu decide un jour de travailler, lance toi dans un one man show je suis sur qu'on rigolera bien

    RépondreSupprimer